L'autochrome est une technique inventée par Louis Lumière pour la prise de vue argentique en couleur, où la lumière traverse un réseau de fécules de pomme de terre colorées avant d'atteindre l'émulsion photosensible. Avec ce système, on filme donc à travers le support. Voir l'article dédié : réseau autochrome.
Cette page est un compte-rendu d'expérience(s) réalisée(s) lors de la semaine de travail Maddox III. Elle résume une recherche en cours et ne prétend pas à des résultats autres que ceux indiqués dans la conclusion.
Les colorants choisis étaient :
Les colorants étaient mélangés à la fécule de pomme de terre alimentaire (marque Typiak) de la manière suivante :
En plus de la trame Rouge/Vert/Bleu additive destinée à une reproduction des couleurs avec un émulsion inversible, on a décidé de tenter également un autochrome négatif avec une trame de fécules Cyan/Magenta/Jaune, destinés à être tirés en positif, pour préserver le film original qui semble supporter peu de projections.
À l'issue de ces premiers tests, les couleurs fabriquées à partir des colorants alimentaires paraissent trop transparentes pour définir des couleurs. Les pigments Sennelier semblent dissoudre les fécules, créant une surface quasi monochrome-rouge sur le film.
Des spectres de chacun de ces colorants ont été analysés à l'aide d'un spectrocolorimètre, et des mélanges entre colorants (sauf Sennelier) calculés pour obtenir des couleurs proches celles d'un film couleur Kodak (elles-mêmes mesurées à partir d'un nuancier officiel de Kodak).
Images à reprendre ⇒ http://www.filmlabs.org/wiki_old/index.php?title=Protocole_Maddox_III_Autochrome
Où l'on s'est rendu compte, à partir des proportions calculées par l'ordinateur pour obtenir des couleurs proches du spectre des primaires Kodak et plus saturées, que de trop grosses concentrations d'éosine (>1,17g), de violet cristallisé (>0,16g), et peut-être aussi de tartrazine (2,8g) et de bleu de méthylène, se diluaient lors de l'application du second vernis un voile coloré violet pour le mélange RVB, rose-orangé pour le mélange CMJ, qui recouvrent tous les autres fécules.
Peut-être est-ce dû également à un séchage trop court?
Se procurer les colorants des recettes Lumière 1929 et de la recette contemporaine du livre de Gandolfo et Lavédrine que l'on n'avait pas trouvé (érythrosine, rose Bengale, bleu carmin, vert nouveau 3B ou bleu flexo 810)…
Le premier vernis a pour fonction de faire adhérer une fine couche de fécule de pomme de terre au support.
Des essais ont été menés avec du Potch FotoTransfer (marque Hobbyline), une sorte de vernis-colle pour la photo : les fécules ne semblaient pas rester bien collés sur du film (ça fonctionne en revanche sur le verre). Nous avons fait un premier vernis d’après la recette originale des frères Lumière en remplaçant le benzène (cancérigène et peu facile à trouver) par du toluène, un autre solvant aromatique.
Tableau à reproduire ⇒ http://www.filmlabs.org/wiki_old/index.php?title=Protocole_Maddox_III_Autochrome
Observation : sur un test sur support 35mm, les fécules de patate et l'émulsion se décrochent du film après développement, le vernis ne tient pas ! (Mais ça semble passer pour le 16mm.)
Origines potentielles des erreurs :
Application à la brosse (en soie de porc, neuve, assez rigide) du premier vernis. Séchage d'au moins 1 minute 30 (on le voit quand le film cesse de briller en contre jour). Saupoudrage du fécule. Élimination et étalage des fécules en trop à l'aide d'un pinceau très doux, en légers gestes diagonaux le long du film pour éviter les traces de pinceau. OU, si les fécules sont très fins et homogènes, en faisant vibrer le film.
Lumière appliquait, après les fécules, du noir de carbone, en poudre beaucoup plus fine que le grain de fécule de pomme de terre, pour boucher les interstices transparents de la trame. Le saupoudrage et brossage à la main de noir de fumée semblait évacuer trop de fécules et assombrir beaucoup trop la trame, donc nous avons décidé dans un premier temps d'ignorer cette étape.
Afin d'être plus dense et de moins laisser passer la lumière non-colorée, on écrase la fine couche de fécule.
Pour Maddox III, nous avons utilisé une presse pour gravure.
Le deuxième vernis vient se placer après que la couche de fécules de patates colorés ait été laminée. Il sert à rendre hermétique la couche de fécule au contact de l'émulsion lors du couchage et à la protéger des traitements chimiques à venir.
Tableau à reproduire ⇒ http://www.filmlabs.org/wiki_old/index.php?title=Protocole_Maddox_III_Autochrome
Le vernis ne fonctionne pas bien: difficile de l'étaler sans que la fécule se décroche, on voit aussi un craquellement (peut-être liée a la chaleur?). Jérôme K invente une autre formule, en partant de celle de la colle Kodak.
Tableau à reproduire ⇒ http://www.filmlabs.org/wiki_old/index.php?title=Protocole_Maddox_III_Autochrome
Cette seconde formule du deuxième vernis semble fonctionner, même si elle dilue certains colorants denses des fécules du réseau (l'éosine, le violet cristallisé(?)), créant un voile coloré sur tous les fécules…)