El cuento
un texte d’Enrico Mandirola (2011)

Bogota, 27 octobre 2011
Texte pour El Cuento, un film d’Enrico Mandirola

« Le récit après la tourmente »

Une empreinte est quelque chose qui semble visible et tangible , après que se soit produit le fait qui causa son apparition. Commençons une fois encore , par une empreinte . Le froid de ces jours là , circule encore dans les méandres de ma mémoire , chaque matin cheminant jusqu’au temple .Ce furent quatre années d’un lieu rêvé , et maintenant je suis revenu à l’être quotidien , et une empreinte est restée dans la neige de l’acétate . Ce furent des jours d’apprentissage et d’échanges , ces portes inquiétantes qui t’ouvrent à d’autres mondes . Ces corridors où il faut cheminer pour passer d’un photogramme à l’autre , analogique et digital , le corps et la main.. Un café pour comprendre que cela a eu lieu . Ces temples sacrés de respect pour l’image , déjà n’existent presque plus . Ce fut une attente d’années et de mois , pour finalement arriver – je me souviens encore du premier matin – en face de cette porte fermée , il y avait du soleil , et le froid courrait le long de mon corps. Totonto –LIFT- Dupont avenue .. où suis-je , où suis-je allé …où arriverai-je . Ils me demandent toujours pourquoi ai-je voulu attendre , pourquoi la copie 16 , pourquoi tant de temps , maintenant que la pellicule était prête ? Je ne crois pas qu’il y ait des mots pour leur répondre . Assis dans l’obscurité , le projecteur tourne , cette instabilité et cette élégance du celluloïd , cette image si éthérée et matérielle que nous ne savons pas si elle est vrai … nous voulons la tenir dans nos mains , la prendre , la toucher comme si elle était un tableau , l’emporter dans la poche , nous ne voulons pas nous séparer d’elle ,nous lui ouvrons nos intimités les plus profondes . Nous créons de la liberté . Nous créons des différences . Nous proposons des alternatives. Nous ouvrons des regards . Et nous ne savons faire rien de plus. Enfin s’ouvre la porte , et j’entre, comme quand nous entrâmes dans le silence et l’obscurité du laboratoire. Encore une fois les machines , et les outils , depuis cinq ans , a nouveau avec eux , ces monstres mécaniques qui nous montrent la solidité du temps , les effigies du cinéma ,la représentation de l’image , la tireuse optique, l’Oxberry , la Steinbeck , les Bolex …ces mots , ces sons que déjà nous n’entendons presque plus , encore une fois ils sont face à moi . Je me sens privilégié d’être ici criait mon corps. Ce furent six semaines , ce furent six vies , ce furent trois copie , ce furent des vertiges , ce furent de nombreux visages , ce furent des négatifs coupés , et des positifs collés , ce furent des chimies et des écrans LCD , ce furent de nouveaux amis , ce fut la chaleur et le froid , ce furent des repas chinois , Karl , Ben , Lisa et … et maintenant , je me sens ressuscité.Maintenant ici , aspirant à ces espaces , de retour parmi mes outils, préparant d’autres chemins , cherchant à écrire de nouveaux espaces. Comment ferions nous sans ces refuges de candide pureté ? Il nous faut protéger, il nous faut soigner, il nous faut construire.

« Le cinéma est un cimetière de techniques abandonnées qui ne demandent qu’à être ressuscitées » ( N.Rey)

Enrico Mandirola
Traduction Martine Rousset