Les écologies changeantes du film photochimique à l’ère du numérique
Conférence organisée par : Kim Knowles (kik2@aber.ac.uk) / Marcy Saude (mad117@aber.ac.uk) / Christo Wallers (christo.wallers@tutanota.com)
Contributeurs :
Richard Tuohy, artist (Daylesford, Australia)
Esther Urlus, artist and co-founder of Filmwerkplaats (Rotterdam, Netherlands)
Karel Doing, artist and academic (Oxford, UK)
Emmanuel Lefrant, artist and director of Light Cone Distribution (Paris, France)
Bea Haut, artist and producer of Loophole Cinema and Analogue Recurring (London, UK)
Vicky Smith, artist and academic (Bristol, UK)
James Holcombe, artist and Orwo UK supplier (Frome, UK)
Dans le paysage des médias d’aujourd’hui, où les cycles de consommation, de destruction, d’upgrades et d’updates sont partout, le sujet de l’obsolescence prend un nouveau relief. De nombreux changements technologiques ont eu lieu durant l’histoire du cinéma mais aucun n’a eu un effet de transformation sur l’industrie plus important que celui de la transition du film argentique (ou photochimique) au numérique. Depuis le début des années 2000, le médium film s’est déplacé d’une position de domination à une position marginale alors que le numérique a rendu les technologies mécaniques et photochimiques obsolètes à l’échelle commerciale. Toutefois, les artistes trouvent de nouvelles façon de travailler avec le film, fabricant des communautés alternatives, cherchant des méthodes artisanales, remettant en route des machines abandonnées, réinventant des techniques du passé et explorant de nouvelles techniques hybrides.
Alors que le champ universitaire prend de plus en plus la mesure de ces activités dans le développement du film en tant que forme d’art, ainsi que dans ses discours théoriques, une approche bien plus large est nécessaire pour prendre en compte la richesse de tous les changements et de tous les défis que posent la production, la distribution et la présentation du film photochimique. Quels modes et quelles formes d’engagements matériels sont ouverts par ce nouveau statut du medium film ? Si, comme Walter Benjamin le suggérait, les technologies dépassées contiennent un potentiel radical et critique, comment cela se manifeste-t-il dans les gestes de la création, dans les communautés alternatives et dans les lieux de rencontres ? Comment cette technologie soit-disant obsolete articule des oppositions politiques, convoque différentes perceptions, ainsi que des voix marginalisées et des réalités contemporaines inconfortables ? Dans un monde à ce point défini par l’interaction numérique, comment le film opère-t-il à côté et en dialogue avec ce paysage des médias ? Des questions importantes sont également liées aux écologies qui permettent aux travaux sur film photochimique de circuler en tant qu’objets matériels et en tant qu’expériences matérielles. Alors que la majorité des films sont distribués et projetés en tant que fichiers numériques, quelles sont les infrastructures en place pour la production et la présentation des copies films ? Quels arguments peuvent être présentés pour l’importance de la projection mécanique ? Quel est le rôle des institutions dans la sauvegarde du film photochimique du passé, du présent et du futur ?
Ce colloque cherche à explorer l’état de l’art du film photochimique et de sa future pérennité à l’ère du numérique. Il veut provoquer des débats sur tous les aspects de la production, de la distribution et de la présentation du film, s’interrogeant sur comment ces aspects pourraient être plus efficacement rassemblés à travers une combinaison de recherches artistiques et universitaires, ainsi qu’à travers certains réseaux autogérés et leurs communautés. Bien que le film photochimique, particulièrement le Super-8 et le 16mm, est majoritairement utilisé pour les films expérimentaux et les films d’artistes, le colloque invite des interventions sur toutes les pratiques de création et toutes les recherches universitaires. Il cherche à explorer comment les perspectives universitaires, les décisions d’exposition et de programmation, et la création en réponse à l’obsolescence technologique peuvent amener une conscience plus grande de cette partie marginale mais essentielle de la culture filmique.
Colloque ayant eu lieu en ligne du 7 au 11 juin 2021.
Lien sur le site de l’Université
Lien sur le site d’Aber Film Lab